La charité pastorale,
« âme et forme de la formation permanente
du prêtre »
(Pastores dabo vobis, 70)
La charité pastorale,
« âme et forme de la formation permanente
du prêtre »
(Pastores dabo vobis, 70)
La Ratio fundamentalis régissant la formation "unique, intégrale, communautaire et missionnaire" des prêtres met en lumière une intuition qui était déjà en germe au Concile Vatican II. La formation initiale des futurs prêtres n’est que la première partie d’une formation en plusieurs temps : formation initiale, intermédiaire et permanente. Force est de constater que beaucoup de choses sont pensées et mises en œuvre pour la formation initiale (années de Séminaire) et intermédiaire (jeunes prêtres). Même si on parle souvent de formation "permanente" des prêtres et que diocèses et provinces proposent régulièrement des initiatives, on peut cependant constater que le travail en commun entre diocèses et communautés sur la formation continue est moins développée, alors que les défis ne manquent pas, tant dans le contexte culturel qui est le nôtre, que dans les différentes étapes de maturation humaine et spirituelle des prêtres.
On note par ailleurs que c’est souvent lorsqu'un prêtre est en difficulté qu'on lui propose une aide. Les autres formations sont souvent concentrées sur des questions, certes importantes, de gouvernement et d'organisation.
Or, entre 40 et 60 ans, avec 15 à 30 ans de ministère pastoral derrière lui, un prêtre peut avoir besoin d’un « second souffle », qui lui donne un nouvel élan spirituel et pastoral.
En mai 2023, plusieurs communautés se sont réunies pour échanger sur la possibilité de proposer aux prêtres un temps propice à un « second souffle » dans leur ministère.
Il leur a paru pertinent de travailler ensemble l'accompagnement de ce temps du « second appel », selon l'expression du Père René Voillaume, citée dans l'homélie du Pape François lors de la messe chrismale 2023.
Nous avons alors fait ensemble le constat qu’une telle formation devait être construite avec les diocèses, dans une proposition de formation continue ecclésiale, qui pourrait ainsi constituer une expérience fraternelle formatrice et inspirante pour les prêtres qui chemineront ensemble.
Le projet a alors été présenté aux évêques en charge du suivi des prêtres et des questions de formation au sein de la Conférence des évêques de France, qui nous ont encouragés à poursuivre, avec le point d'attention de bâtir une proposition accessible en temps et en lieux aux prêtres en ministère paroissial.
Un enjeu de cette étape de la formation permanente du prêtre est la prise de conscience, de façon renouvelée, qu’il est porteur d’un trésor - d’un don de grâce - par l’ordination, et qu’il doit en prendre soin à la hauteur du prix de ce trésor. Alors que l’enthousiasme naturel des commencements s’émousse, et que des moyens jusque-là pris pour se renouveler perdent de leur efficacité, le prêtre a besoin de ressources et d’encouragements nouveaux. Plus sûrement que le monde ou l’Église, c’est lui qui a changé avec les années. Il est plus que jamais l’acteur principal de sa formation, et la pédagogie à proposer ne doit pas le faire démissionner de cette responsabilité, mais au contraire le conforter.
La formation veut l’affermir dans son identité sacerdotale, non pas perçue uniquement dans sa dimension pérenne, mais également dans son déploiement en fonction de l’appel du Seigneur, qui n’est pas un événement du passé, mais une Parole qui nous appelle toujours au présent. Le projet veut aussi tenir compte des grâces de maturité et de sagesse de cet âge, peut-être parfois encore à découvrir. La formation visera donc l’intégration de cette identité vocationnelle élargie, de façon concrète et réaliste, dans les choix de la vie quotidienne. Elle aidera le prêtre à mettre en place dans sa vie de tous les jours les conditions favorables au déploiement des grâces du sacrement de l’Ordre reçu hier, afin de porter un fruit abondant dans sa mission d’aujourd’hui.
« L'âme et la forme de la formation permanente du prêtre [étant] la charité pastorale » (PDV 70), vertu qui nous unit au cœur du Bon Pasteur et nous brûle de nous donner au Peuple de Dieu, la proposition devra permettre d'évaluer cette disposition intérieure. Elle ne travaillera donc pas tant sur les attitudes sacerdotales que sur la vérification et la purification de leurs motivations les plus profondes. Elle aidera le prêtre, par une connaissance toujours plus grande de lui-même, à s’assurer que la motivation réelle de son ministère est bien celle qu'il professe. Des motivations sous-jacentes peuvent en effet ne pas appartenir à la nature de la vocation sacerdotale et parasiter la vie et le ministère.
Ce travail intérieur sera donc à accompagner, tant au plan personnel (direction spirituelle, accompagnement professionnel) que communautaire (vie fraternelle, groupes de partage).